GP6 Se préoccuper des parents

Ajouté le 31 août 2018

Samedi 17 novembre de 9h à 10h30

  • Soins de l’enfant en milieu pluriculturel : l’accompagnement des mères en situation d’exil par les professionnels de PMI. (promotion de la santé de la mère et de l’enfant)

Les professionnels de PMI sont souvent confrontés à des familles venant de différents horizons. En fonction de leur culture, de leur origine sociale, de leur propre vécu familial, les mères ont acquis des savoirs et des habitus sur les soins à donner aux nouveaux nés et jeunes enfants. En situation d’exil souvent loin de leurs repères familiaux, les mères semblent perdues, errantes entre les modèles de traitements de l’enfance de leur société d’origine et de la société d’accueil. Les personnels de PMI, auxiliaires de puériculture, puéricultrices et médecins leur transmettent des messages qui ne font pas toujours sens selon leur système de représentation. Ils sont eux même confrontés à des attitudes qui les inquiètent sans avoir toujours les clefs de compréhension pour

repérer ce qui relève de construits culturels ou de troubles de la relation. Bien que souvent, par un accompagnement bienveillant et une écoute contenante, ils arrivent à aider les mères à retrouver leurs compétences pour des soins suffisamment bons, il serait important qu’ils aient connaissance de la pluralité du « prendre soin des enfants » pour prendre de la distance vis à vis de certaines de nos normes.

La proposition de cette communication est d’interroger les pratiques dans l’objectif de repérer ce qui peut permettre aux professionnels d’accompagner au mieux les mères dans la construction du lien avec leur enfant dans cet « ailleurs » qui est le nôtre.

Intervenantes : Christine Bellas Cabane, pédiatre, anthropologue de la santé, médecin dans le service de PMI des Bouches du Rhône.

  • Des groupes de pères en crèche

En crèches, l’accueil des pères reste insuffisamment pensé voire légitimé. Par exemple, les pères ne sont pas toujours directement conviés aux temps d’adaptation, temps souvent pensés comme un temps de travail de séparation entre la mère et son bébé exclusivement. Pourtant dans des situations difficiles, le père, ici en tant que tiers œdipien, peut être exigé par les équipes afin de réparer ces situations.

Par différentes observations, différents constats, nous avons proposé des groupes de pères en crèches depuis plusieurs années maintenant. Par ces groupes, il y a chez nous le souhait et donc l’hypothèse de donner voir de redonner une place aux pères, ce que nous pensons en lien au concept de paternalisation. Martine Lamour (2004) le défini comme « l’influence positive (création ou renforcement) exercée par une personne (intersubjectif) sur le sentiment qu’a l’homme d’être père (intrasubjectif) » (p. 92-94). Le sentiment de compétence du père est en jeu. Lamour rappelle que la mère « contrôle « l’accès » du père au bébé et favorise le développement de la « paternalité » (p. 94). Selon cet accès, le « bébé paternalise son père » (ibid.).

Nous proposons de reprendre différents temps de ces groupes avec une particularité : les pères étaient accueillis par un psychologue clinicien homme. Dans un groupe, les questions de la reconnaissance du temps passé auprès de leurs bébés (congés de paternité, congés parental), leur place pendant l’allaitement et les soins, l’accouchement ont été de vastes sujets de discussion. Dans un autre groupe, des pères très anxieux nous ont confiés leurs craintes, notamment hypocondriaques, autour de la vie quotidienne de leur enfant (respire-t-il lorsqu’il dort ?), de scènes d’accouchements (interrogeant le traumatisme de la naissance des pères), des pleurs.

Intervenants :  Raphaël Riand, psychologue Clinicien, doctorant à l’Université Paris Descartes et Romuald Jean-Dit-Pannel, psychologue Clinicien, docteur en psychopathologie psychanalytique 

  • Une préoccupation parentale hypocondriaque primaire

Si la place de l’hypocondrie au sein du lien mère-enfant a été partiellement discutée dans la littérature, elle reste méconnue et ne prend pas suffisamment en compte la triade père-mère-bébé et le corps familial. L’hypocondrie, de la plus ordinaire à la plus pathologique, est transnosographique. Aisenstein et Gibeault (1990) supposent « un minimum d’investissement hypocondriaque du corps nécessaire dans toute organisation psychique » (p. 34). Selon leur hypothèse, celui-ci « serait corrélatif de l’investissement d’objet, et en particulier la mère, du déplaisir et de la douleur corporelle au cours des premières expériences de satisfaction ; cela implique un investissement hypocondriaque de la mère qui ne soit ni trop, ni pas assez intense » (Ibid.). À la suite de cette proposition, nous pensons que les (devenants) mère et père (Missonnier, 2017a), en cherchant à être suffisamment bons (Winnicott, 1948), deviennent nécessairement suffisamment hypocondriaques, c’est-à-dire suffisamment soucieux de la santé corporelle de leur embryon, fœtus, bébé puis enfant. Notre intérêt pour le bébé, dans une vision psychanalytique et psychosomaticienne, appuyé par notre pratique auprès du bébé et de sa famille, nous a conduit à approfondir ces réflexions. Ainsi, nous proposons une préoccupation parentale hypocondriaque primaire comme une composante de la préoccupation parentale primaire. Nous présenterons trois situations cliniques illustratives du travail de l’hypocondrie chez le parent à propos de son enfant et issues de notre pratique clinique en crèches. Elles mettent en évidence comment les membres d’un groupe professionnel, ici d’une crèche, peuvent proposer un véritable accueil et un traitement ajusté et attentif des préoccupations hypocondriaques des parents.

Intervenants : Romuald Jean-Dit-Pannel, psychologue Clinicien, docteur en psychopathologie psychanalytique ; Rose-Angelique Belot, psychologue clinicienne et Christelle Viodé, psychologue Clinicienne, psychanalyste.