WALENTOWITZ Saskia

Intervenant aux colloques 2011, 2013

Saskia Walentowitz* est anthropologue, chargée de recherche à l’Institut d’anthropologie sociale de l’université de Berne (Suisse). Elle s’intéresse aux pratiques autour de la périnatalité à partir de deux domaines ethnographiques : d’une part la (re)composition transgénérationnelle des collectifs et des personnes chez les Berbères (Touaregs) et dans d’autres sociétés d’Asie du Sud-Ouest qui favorisent le mariage entre proches parents; d’autre part l’anthropologie des sciences autour du lait maternel et de l’alimentation infantile, notamment en contextes du VIH.

Parmi les publications en lien avec l’intervention, on peut citer le dossier thématique qu’elle a édité sur les Maternités extra-ordinaires, paru dans la revue Tsantsa (12) en 2007, ainsi que les textes suivants :

Walentowitz, Saskia, 2004, « L’enfant qui n’a pas atteint son lieu. Les soins aux prématurés chez les Touaregs de l’Azawagh », Revue l’Autre, Bébés étranges, bébés sublimes, n° 2, 2004.

– 2004, « Ego et alter ou comment la parenté fait corps avec la personne chez les Touaregs de l’Azawagh (Niger) », in F. Héritier (dir.), Corps et affects, Paris, Odile Jacob : 169-185.

* www.anthro.unibe.ch

Prendre soin des relations ou le berceau comme laboratoire de mondes communs

Les complications pendant la grossesse ou à la naissance renvoient chez les Berbères Touaregs (Sahara, Sahel) à un manque de respect, notamment de la part du futur père vis-à-vis de la femme enceinte et de l’enfant en devenir. L’enfant ne peut dès lors « atteindre son lieu » : il naît prématurément ou meurt in utero. À partir de la manière dont les Touaregs soignent les prématurés et prennent soin des nouveau-nés et de leurs mères, cet exposé souhaite montrer comment l’enfant prend corps à travers les pratiques, quotidiennes et rituelles, qui créent et recréent le collectif. Ici, le corps ne précède pas la société, ni la société ne préexiste au corps. Faire naître une personne nouvelle, c’est faire re-naître le collectif. Chez les Touaregs, la continuité transgénérationnelle se fonde sur la relation frère-sœur plutôt que sur la relation époux-épouse. On précisera la place de l’alliance dans cette dynamique à travers la manière dont les rites autour du nouveau-né et de sa mère subordonnent nécessairement la relation de conjugalité à la relation de germanité. De même, on analysera comment les soins aux prématurés remédient à l’inversion de cet ordre d’englobement. Ou encore, comment cette inversion peut devenir la norme à travers la mise en œuvre de rites nouveaux, notamment en contextes migratoires.

À partir de ce cas ethnographique, on peut s’interroger sur la manière dont les soins autour de la périnatalité prennent soin des relations dans nos sociétés modernes en mutation. Le berceau comme laboratoire de mondes communs, voilà l’idée que cet exposé se propose d’explorer.