COLLOMB Natacha
Natacha Collomb est chargée de recherche en anthropologie au Centre Norbert Elias (UMR 8562)
A venir : un nouveau Bébé sapiens à Cerisy en Septembre 2021
Ses recherches ont d’abord porté sur la (toute) petite enfance, l’apprentissage et les savoirs, et la parenté comme pratique et comme expérience. Ces thèmes ont été abordés entre 1996 et 2014 dans leurs interrelations non seulement du point de vue du lieu de leur exploration : un même village de riziculteurs t’ai dam non bouddhisés situé au nord du Laos, que d’un point de vue théorique et méthodologique.
Ainsi, le nécessaire questionnement concernant la ou les définitions de l’enfance a-t-il été posé non seulement à partir de ses matériaux t’ai dam – localement, mais aussi au sein même de l’anthropologie et de son histoire, et, au-delà, par les autres disciplines qui s’en sont emparé.
Apprentissages et savoirs (principalement corporels, techniques, sociaux sur son terrain laotien) ont été abordés dans le cadre de leur relation spécifique, problématique et différenciée, au développement et à la maturation, notamment en termes de sexuation, des jeunes enfants.
Attentive à l’articulation entre savoirs locaux et modalités de la constitution et de la restitution du savoir anthropologique les concernant, Natacha Collomb prête une attention toute particulière au sens que revêtent, pour ses interlocuteurs, les concepts de savoir et d’apprentissage et sur leur articulation, dans les discours et dans les pratiques.
Elle réfléchit également à la possibilité de présenter, dans la forme même des écrits académiques ou autres, la recherche comme travail en cours, nécessairement inachevé, filtré par ce qui nous constitue comme être humain et comme chercheur, mais aussi par la nature même de l’ethnographie, nécessairement relationnelle. D’où son intérêt pour une anthropologie pragmatique, attentive aux contextes, à l’action, aux événements et au rôle des acteurs, aspect qu’elle a développé tout particulièrement dans ses recherches sur la parenté comme expérience et comme pratique.
D’où, également, la pratique d’une anthropologie des savoirs qui se veut éminemment réflexive, c’est-à-dire capable de s’adresser à elle-même les questions qu’elle pose aux savoirs qu’elle constitue en objets.
Cette dimension est essentielle dans son projet actuel d’une anthropologie des sciences (plus spécifiquement une anthropologie des psychologies du bébé) se proposant d’étudier les manières dont diverses psychologies (psychologies du développement et cognitive, psychopathologie, psychanalyse) s’emparent empiriquement (dans la clinique, dans l’expérimentation) et théoriquement du mystère que constitue le psychisme (la pensée, la cognition…) des bébés, les constituant ce faisant comme des êtres pensants.
Les développements actuels de son terrain dans le champ émergeant de la « psypérinatalité » lui permettent non seulement de poursuivre son enquête sur les psychologies du bébé et la manière dont elles construisent diversement, à travers leurs pratiques comme leurs théories, celui-ci comme un sujet (humain) compétent, mais aussi d’en examiner le versant idéologique et politique à travers la compétition pour l’imposition d’un modèle théorique et/ou clinique comme le plus valable « scientifiquement ».
Enfin, les spécificités de cette enquête complexe parce que multi-située et ultra-dépendante du rejet ou de l’adhésion des acteurs au projet de l’anthropologue, ainsi que son expérience antérieure d’un terrain « exotique » au long cours, conduit Natacha Collomb a poursuivre ses questionnements épistémologiques dans la direction d’une réflexion sur la co-production d’un terrain ne préexistant pas à l’enquête mais émergeant de son processus.